Lundi 15 octobre 2018, la Fabrique de la Cité invitait Jean Coldefy, directeur du programme Mobilité 3.0 à l’ATEC ITS, et Yves Crozet, professeur émérite à Sciences Po Lyon et membre du Laboratoire Aménagement Economie Transport (LAET), pour dialoguer autour des péages urbains.

A l’heure où les villes cherchent à réduire considérablement le nombre de voitures en circulation, les péages urbains apparaissent comme un formidable outil de financement, comme l’ont prouvé plusieurs exemples dans le monde et notamment chez nos voisins européens. A Göteborg et Stockholm, en Suède, les automobilistes payent entre 1 euro et 3,60 euros en fonction de l’heure de passage au péage. Chaque euro récolté sert ensuite à financer des projets de modes de transports lourds, des routes ou des alternatives pour lutter contre l’autosolisme, cette pratique répandue qui consiste à rouler seul en voiture. Résultat ? Une réduction de 20 à 30% de la circulation grâce aux péages.

Jean Coldefy comme Yves Crozet sont unanimes : il y a en France un vrai travail pédagogique à fournir auprès des usagers pour leur faire accepter l’idée du péage urbain, leur faire comprendre qu’il s’agit là d’un choix de société important et qu’une voiture qui occupe de l’espace public, limité et surchargé, doit payer. Sans installer un péage à 15 euros comme à Londres, un péage à 1 ou 2 euros pourrait déjà financer la construction de nouvelles infrastructures ou de nouveaux transports en commun en récoltant entre 1 et 2 milliards d’euros par an. La terminologie est également importante, et si le mot « péage » peut faire peur, il est important de réfléchir dès aujourd’hui à des alternatives et de s’inspirer d’exemples déjà existants comme le PassMobilité en vigueur à Strasbourg par exemple.

L’installation de péages urbains augmenterait également sensiblement le taux de covoiturage et contribuerait ainsi à désengorger les agglomérations et les centres-villes. Par ricochet, le coût de la mobilité augmentant, les gens seraient prêts à payer plus cher pour le foncier, à se rapprocher des centres et donc à emprunter plus volontiers les transports en commun.

En conclusion, les deux intervenants ont tenu à rappeler que le péage urbain n’était qu’un moyen pour arriver à une fin et qu’il fallait réfléchir en parallèle aux autres alternatives à mettre en place pour avoir un impact fort sur l’autosolisme. Financées en grande partie par les revenus des péages, ces alternatives pourraient être développées et mises en place plus facilement et offrir ainsi aux usagers des raisons solides de limiter leurs déplacements en voiture tout en leur prouvant que chacun a quelque chose à y gagner.

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